Le langage clair, qu’est-ce que c’est ?

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Ecrire en « lan­gage clair » (tra­duc­tion fran­çaise du plain lan­guage anglo-saxon) per­met de rendre l’in­for­ma­tion acces­sible au plus grand nombre. Lors­qu’un texte est écrit en lan­gage clair, on le com­prend dès la pre­mière lec­ture. Cette tech­nique rédac­tion­nelle per­met de gagner en effi­ca­ci­té, puis­qu’elle rend l’in­for­ma­tion lisible. Et une infor­ma­tion lisible, c’est une infor­ma­tion uti­li­sable et utile. On pour­rait pen­ser que c’est l’ob­jec­tif de tout ser­vice de com­mu­ni­ca­tion. Et pour­tant…

Quand pour la dernière fois avez-vous dû lire et relire un texte, pour vous assurer d’avoir compris ce que vous deviez faire ?

Une semaine ? Une heure ? Pen­sez aux notices de médi­ca­ments, au mode d’emploi de votre der­nier appa­reil à raclette/dictaphone/adaptateur bluetooth/bibliothèque en kit, aux condi­tions géné­rales de vente asso­ciées à votre der­nier pla­ce­ment finan­cier, au for­mu­laire XC204/B qui vous a été récla­mé par les impôts, à votre contrat de tra­vail, à la charte RGPD balan­cée par le ser­vice juri­dique, au docu­ment de réfé­rence de 300 pages de votre entre­prise… Vous sou­riez ?

Et pour­tant, vous qui nous lisez, vous êtes édu­qué, culti­vé. Vous lisez par­fai­te­ment le fran­çais. Vous mani­pu­lez la langue avec aisance. Que dire des 60% de Fran­çais qui la maî­trisent de façon plus modé­rée ?

Le langage complexe est partout.

Sans s’en rendre compte, on pense qu’é­crire « com­pli­qué » est une marque d’in­tel­li­gence, de culture, d’ex­per­tise. C’est en fait tout le contraire. On sait bien qu’il est plus facile d’é­crire long que court. De même, il est plus facile d’é­crire com­pli­qué que simple. Car pour faire simple, il faut faire un effort de péda­go­gie.

Notre consommation des contenus change.

Aujourd’­hui on lit moins, en tout cas moins long. Per­sonne n’a envie de pas­ser du temps à com­prendre le cour­rier de son assu­reur pour savoir quoi faire. Ou la notice de son rasoir pour s’as­su­rer qu’on ne va pas s’élec­tro­cu­ter.

On veut com­prendre, vite et bien. On veut une com­mu­ni­ca­tion effi­cace. Sans ambi­guï­tés. Qui ne laisse aucune place à l’in­ter­pré­ta­tion.

C’est ce que per­met le lan­gage clair. Au tra­vers de règles d’é­cri­ture, simples et de bon sens. Comme : faire des phrases courtes, écrire à la voix active, limi­ter le jar­gon, uti­li­ser les listes à puce…

Que préférez-vous lire ?

  1. En matière de tou­risme, on constate au cours des cinq der­nières années une aug­men­ta­tion de 33 % des dépenses effec­tuées par les citoyens euro­péens âgés de 65 ans ou plus.
    OU
  2. Les dépenses tou­ris­tiques des Euro­péens de 65 ans et plus ont aug­men­té de 33 % en cinq ans.  
  1. Au cas où vous ne pou­vez vous ral­lier à la pré­sente déci­sion, il vous est loi­sible d’introduire un recours. Pour cela, voi­ci ce que vous devez faire.
    OU
  2. Que pou­vez-vous faire si vous n’êtes pas d’ac­cord ?

En lan­gage clair et simple, on écri­ra « bal­lon » plu­tôt que « réfé­ren­tiel bon­dis­sant ». « Convo­quer au tri­bu­nal » plu­tôt « qu’as­si­gner en jus­tice ». « Bles­ser quel­qu’un » plu­tôt que « cau­ser des dom­mages cor­po­rels à autrui ».

Ecrire en langage clair, c’est communiquer de façon efficace.

Le lan­gage clair pré­sente de nom­breux atouts : c’est la garan­tie de réduire le nombre d’ap­pels en avant-vente, le nombre de récla­ma­tions en après-vente, les litiges. C’est aus­si une façon de gagner la confiance de ses pros­pects, qui devien­dront clients bien plus faci­le­ment. C’est enfin un enjeu démo­cra­tique.

Si vous êtes com­pris, de tous, alors vous attei­gnez votre but. Car le but de toute com­mu­ni­ca­tion est d’ob­te­nir une action, un com­por­te­ment de votre lec­teur.

Bien prendre son médi­ca­ment. Faire mar­cher cor­rec­te­ment sa per­ceuse. Rem­plir sans erreur sa décla­ra­tion d’im­pôts. Res­pec­ter les consignes de sécu­ri­té sur un chan­tier. Signer un contrat. Mais aus­si, adhé­rer à une loi, à des règles, ou à des idées.

De nom­breux autres pays l’ont com­pris depuis long­temps. Cer­tains ont même légi­fé­ré à ce sujet. Obli­geant admi­nis­tra­tions publiques et cer­tains acteurs du sec­teur ban­caire et assu­ran­tiel, par exemple, à uti­li­ser le lan­gage clair pour com­mu­ni­quer au grand public. Nous sommes, en France, très en retard. Et pour­tant, nous avons les mêmes attentes que nos voi­sins évi­dem­ment. Voi­là pour­quoi il est urgent de prendre conscience de cette néces­si­té col­lec­tive de clar­té et de sim­pli­ci­té, et de s’in­té­res­ser de près à cette façon d’é­crire.

Pour en savoir plus sur le lan­gage clair :

  • PLAIN, l’as­so­cia­tion d’ex­perts inter­na­tio­naux
  • Avec des Mots, notre mai­son-mère spé­cia­liste du lan­gage clair

Ce texte a été ana­ly­sé par Lisible et a obte­nu un Lisis­core de 70.

Stéphanie Guillaume